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Menthe Froissée
Menthe Froissée
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31 octobre 2008

Picasso et les Maîtres

Picasso avait un père, lui-même professeur d'art. Voilà la première leçon de cette exposition, pour moi qui n'avait jamais relativisé Picasso à sa formation, à sa culture, à ses origines. Il m'apparaissait comme un génie ex cathedra, placé sur un piédestal, nécessaire et suffisant...

Le premier mérite de cette visite est d'appréhender l'influence qu'ont pu avoir Le Gréco, Vélasquez, Goya et Zurbaran d'une part, Manet Cézanne, Ingres, Renoir etc  d'autre part. On voit comment Picasso s'inscrit dans une tradition, cherche, innove, part dans une direction, puis emprunte telle autre voie, élaborant de nouveaux langages pour un univers qu'il partage avec le reste des humains. On voit de quoi il se nourrit, dans quels miroirs il se plonge, quitte à les briser, ou à les déformer pour casser les surfaces. On le voit immergé dans le monde aussi. et non point enfermé dans des concepts incommunicables. D'autres salles montrent aussi son désir délibéré de traiter exactement le même sujet,comme les Demoiselles des Bords de Seine, de Courbet. Ou encore

L'exposition est exigeante pour ses visiteurs, car elle oblige à changer de cadre de références culturelles à chaque fois que l'on passe d'un tableau à l'autre. C'est comme voir dans une autre langue. Le plaisir immédiat d'une toile classique, qui a peut-être scandalisé à l'époque mais ne surprend plus aujourd'hui, se confronte à la difficulté d'aborder des formes, des couleurs qui choquent, qui nous déstabilisent, nous plongent dans la perplexité.

Il faut également garder à l'esprit les différences de contexte. Par exemple, on aurait vite fait de dénigrer telle ou telle toile de Picasso, qui semble faire pâle figure à côté de l'oeuvre référence. Un cas évident est celle du "Nain", de 1969 placée à côté « Portrait du nain Sébastian de Morra » de Velasquez (1644). Or les propos n'étaient pas les mêmes, ni sans doute le temps passé à travailler la toile, ni le public visé. Dans le cas de cette oeuvre-là, je me rappelle avoir été marquée par le regard un peu amer, qui interpelle le spectateur, du personnage de Vélasquez, à côté duquel un certain humour semblait contraster chez Picasso. Et puis à la réflexion, les 2 oeuvres n'atteignent-elles pas le même objectif, en réalité?

Une confrontation qui m'a particulièrement touchée est celle de L'enlèvement des Sabines, de Poussin avec la toile de Picasso du même nom, qui transmet un sentiment de violence, d'écrasement de vie innocente, de brutalité avec une efficacité confondante.

Les références à Ingres sont passionnantes aussi.

Un autre plaisir de l'expo, c'est le bonheur de retrouver des toiles magnifiques d'autres peintres que Picasso, que l'on a aimées dans des contextes différents (une rétrospective de leur auteur, une salle de musée consacrée à un pays ou un siècle) et qui retrouvent ici une vigueur, un impact, une présence physique différents, ou de découvrir des artistes que l'on ne connaît pas très bien, comme Le Greco dans mon cas.

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Commentaires
M
Moi non plus je n'y connais pas grand-chose, mais j'aime énormément regarder, alors voilà...<br /> A bientôt!
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C
Merci de ta visite chez moi et de ton com'.<br /> <br /> J'espère pouvoir aller voir cette expo. En revenant, je te donnerai mon avis... Mais tu sais, je ne connais rien à l'art alors ce sera avec un oeil de novice que je t'en parlerais !<br /> <br /> Belle journée à toi !
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