Loch Tay

Une nappe d’encre parcourue de frissons, où glisse un feu livide, propagé par les rayons qui percent la brume entraînée par le vent. Plus tard, depuis les hauteurs d’un plateau battu par des rafales brusques, il est en plein soleil, d’un bleu cobalt presque solide, attirant le regard avec arrogance. Ensuite la pluie vient l’humilier. Il n’est plus qu’une surface grise, hérissée de gouttelettes comme une flaque d’eau. Le ciel se partage en bannières gris perle, découpées par les rayons qui filtrent comme des lames. Puis le temps se lève sur le loch, qui s’absorbe dans un gris bleu, serein et mystérieux ; les nuages moutonnent avec bonhomie tandis que le soleil inonde les versants de lumière dorée, réveillant les mauves, les jaunes vif, les rose orangé des bruyères, le brun ocre des mousses. Mais bientôt les nuages se bousculent, des lambeaux de brume cotonneuse surgissent, s’accrochent, enveloppent les reliefs qui s’éteignent et disparaissent. Plus loin, la lande s’illumine.