Paix intérieure
Dans certains milieux où j'évolue, on parle beaucoup de descendre en soi pour apprendre à se connaître, découvrir les vérités enfouies profondément, et ensuite travailler à sa propre amélioration. Pour cela on est astreint au silence, même en compagnie, afin d'apprendre aussi à écouter. Il s'agit de se construire, de vaincre ses mauvaises pulsions, ou de finir par s'accepter tel que l'on est pour essayer de progresser quand même, sans se mutiler, peser, pondérer, effectuer les meilleurs choix possibles, et accéder à une certaine sérénité, que l'on pourrait appeler la paix intérieure.
Mais finalement, je ne sais pas si c'est très réaliste, réalisable en tout cas. Cette paix-là, il faudrait l'obtenir en s'accordant une espèce de certificat de bonne pratique, allié à une auto-satisfaction peu philosophique, peu sage à mon sens.
La paix intérieure, c'est peut-être juste s'oublier, réussir à faire taire les voix, les chuchotis insistants, les sursauts des soucis en soi, réussir à coïncider avec soi-même. Ne plus être à distance, ne plus se regarder vivre, simplement ressentir, se confondre avec la vie dans son déroulement. S'oublier dans le goût d'un cannelé offert avec le café, s'absorber dans la contemplation d'un tableau, s'ouvrir à l'atmosphère très particulière d'une demeure meublée d'objets d'art dont le choix et l'ordonnancement dévoilent la personnalité du collectionneur - juste avant de se laisser à nouveau happer. C'est comme une respiration avant de replonger, un temps suspendu entre deux battements de coeur.