Communiquer

D'après les recherches de Boaz Keysar, professeur de psychologie à l'université de Chicago, c'est avec les proches que l'on accumule le plus de malentendus dans la conversation...

Pourquoi? Comme l'on reprend une conversation là où on l'avait laissée en présupposant que l'autre l'a toujours présente à l'esprit, on tient un discours allusif, elliptique en se reposant sur de l'implicite et du sous-entendu -

tandis qu'avec des collègues, voisins, amis plus lointains, on prendra garde à donner les informations utiles à la compréhension.

Effectivement, on imagine bien le genre d'enchaînement fatal:

soit il (ou elle!) avoue qu'il ne suit pas, et donc qu'il n'a écouté que d'une oreille la première fois   }:(

soit il ne l'avoue pas et s'enfonce encore plus irrémédiablement dans le brouillard :-?

soit (le pire) il croit qu'il a tout compris et ne se doutant même pas qu'il lui manque la moitié des éléments, finit par expliquer à l'autre qu'il tient des discours absurdes. :'#   L'horreur...

Cela m'a fait sourire (un peu jaune).

D'un autre côté, je ne sais pas comment l'enquête a pu être menée (je n'ai rien trouvé avec G**gl*). Par exemple, on n'aborde pas forcément les mêmes sujets avec les proches et les moins proches...  Pour les sujets intimes ou trop longs à développer, on ne se livre pas au tout venant... Donc les comparaisons "toutes choses égales par ailleurs" doivent être compliquées à établir.

Plus le sujet est restreint,  plus il est facile d'expliciter, évidemment: "rendez-vous au bar de la mairie" est nettement moins risqué que "Rendez-vous au même endroit que la dernière fois". Mais "ta mère arrive ce week-end" est inintelligible à un témoin profane.

Je me disais aussi que l'enquête interpelle sur la définition de "proche". Le cercle des intimes se redéfinit peut-être sans cesse en fonction de la complicité qui règne, justement, de l'intuition réciproque, de la capacité à se comprendre à demi-mot. Si les malentendus se multiplient, l'autre reste-t-il "proche" ?

Mais ce que rappelle l'enquête aussi, c'est qu'une bonne communication s'entretient, en tenant compte des limites de l'autre (par exemple de sa distraction), et des siennes (est-on clair?). Peut-être faut-il soigner sa communication pour garder l'autre...