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Menthe Froissée
Menthe Froissée
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18 août 2006

Le Chien

On a croisé plusieurs fois le même chien, qui accompagnait son maître en tournée dans les pâturages. Tantôt trottinant alerte autour du cheval que montait le fermier, tantôt juché sur le quad, et pas peu fier.

Et puis un jour il nous a rejoint - pour jouer, avons-nous pensé avant de lui jeter obligeamment un bâton à nous rapporter. Il nous a rendu un regard bienveillant, n'a pas bougé de son séant et puis, constatant que nous avions fini de nous amuser, nous a devancé sur le chemin avant de disparaître derrière le virage suivant. Quelques longues minutes plus tard, le temps de gravir la pente, nous l'avons retrouvé, il nous attendait placidement. Tout de même, nous avions quelques scrupules à l'idée de le séparer de son maître en l'emmenant ainsi avec nous. Mais il a continué son manège: en fait, c'était lui qui nous emmenait en promenade.

Les prairies sont soigneusement encloses, parfois par des murets en pierre sèche, parfois par des barbelés tout simplement. Les randonneurs ont cependant le droit de les traverser, à condition de tenir leurs chiens en laisse pour éviter d'affoler le bétail, et de bien refermer les grilles qui laissent le passage aux engins agricoles.

A la première barrière, nous avons hésité. Fallait-il laisser entrer le chien? De toute façon, le temps que nous décidions que non, il s'était déjà faufilé à l'intérieur. A la deuxième grille, impossible d'ouvrir mais nous avons emprunté une échelle de fortune visiblement installée pour les piétons. Le chien n'atendait d'ailleurs rien de nous, il est allé plus loin se glisser sous les barbelés et nous a rejoint sur le chemin. Troisième barrière, il s'est assis comme pour observer comment nous allions réagir. De l'autre côté se pressaient des moutons. Pas question de laisser le chien les chasser. Hop, mouvement collectif, on referme la grille, le chien reste à l'extérieur.

En fait, il n'avait même pas bougé. J'aime même cru lire un peu de pitié dans son regard avant qu'il se glisse à plat ventre sous la grille, dans une ornière creusée à force de passages. Ensuite, il a trotté à l'aventure sans même nous jeter un dernier regard, disparaissant dans un bouquet de sapins au bout du Loch Farleyer. A-t-il été déçu de notre attitude? Avait-il mieux à faire? Un rendez-vous, peut-être...

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