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Menthe Froissée
Menthe Froissée
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5 septembre 2008

Une collègue

L’autre jour, en réunion, nous avons parlé d’une dame qui travaille dans un autre service que le mien. J’ai eu affaire à elle en arrivant dans l’entreprise et l’avais à l’époque remerciée de m’avoir tenue parfaitement au courant de toutes les étapes, ce qui m’avait beaucoup sécurisée. Entre embauche et embûche il n’y a parfois qu’un pas, qui peut être fatal… Elle m’avait cependant lancé un regard un peu surpris, presque énigmatique et je m’étais demandé si j’avais eu tort de la complimenter.

C’est une femme mince, mais qui donne le sentiment d’être affaissée – que ce soit au niveau des lignes du visage, ou du corps, peu musclé ou même tonique. Elle approche de la soixantaine, il est vrai.

Les autres parlaient d’elle avec des airs entendus, des grimaces contrites. Visiblement, elle était mal considérée, et peu après mon arrivée, a été reléguée à des fonctions sans grand impact, et presque littéralement dans un placard, puisque sa table de travail est installée dans une pièce de rangement remplie d’armoires, où l’on accède en traversant le bureau de son chef. Apparemment, elle est très à cheval sur les procédures, au point de se mettre en congé-maladie à la moindre demande de souplesse, et peu productive le reste du temps.

Personnellement je n’ai jamais eu à m’en plaindre, au contraire, puisque contrairement à ses collègues, elle se déplace dans mon bureau pour des papiers à signer alors que les autres m’envoie des mails pour que je vienne chez elles.

Et puis l’autre jour, en réunion, j’ai eu quelques précisions sur certains sous-entendus. Apparemment, elle boit, et l’après-midi, sent le vin quand elle revient de sa pause-déjeuner, et se montre particulièrement somnolente. Son alcoolisme est maintenant installé.

L’ambiance étant plus au bavardage qu’au travail, je cherche à creuser un peu.

« Mais elle n’a pas toujours été comme ça, si ? » demandai-je.

« Non, c’est surtout depuis le suicide de son mari » m’explique-t-on. Avant d’ajouter, « mais de toute manière, on n’en a plus pour très longtemps à la supporter, elle vient de demander son départ en retraite ».

Mes collègues sont plutôt gentils et compréhensifs, habituellement, et cette réponse donne à réfléchir. Compassion, empathie, il y en a probablement eu. Mais les meilleures intentions s’épuisent si la personne s’entête dans sa souffrance, et se montre incapable de reprendre sa place dans le maillage du lieu de travail.

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