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Menthe Froissée
Menthe Froissée
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24 octobre 2007

La fameuse lettre

Même si j'avais quelque a-priori contre l'initiative de Sarkozy, je suis allée trouver la lettre de Guy Môquet sur l'internet au cas où son contenu justifierait la décision envers et contre tout.

J'ai trouvé un texte très émouvant,  que je me suis sentie indiscrète à lire. Les derniers mots d'un jeune homme qui va mourir à ses parents et à son frère, où il essaie d'aller à l'essentiel, tout en mêlant des détails quotidiens et pratiques, c'est terriblement fort, et intime. N'y a-t-il pas un certain manque de délicatesse, une forme de viol. à lire ce texte en public? Il est certes publié, mais peut-être plutôt pour une lecture personnelle, silencieuse, voire recueillie.

De plus, la douleur de perdre un fils n'a pas forcément de rapport avec la guerre. Ou alors il faudrait dire que sa mort, à lui, a un sens? Ou que nous devons lui en donner un en nous comportant à sa hauteur? Mais on n'a pas à faire de politique à l'école... Présenter ce texte comme un modèle, c'est manquer de respect à ceux qui placent leurs idéaux ailleurs, et qui refusent la responsabilité d'un héritage pareil.

Je me rappelle la visite de Pegasus Bridge avec ma fille aînée, 17 ans à l'époque, et l'espèce d'angoisse qui m'avait prise en apprenant que le premier mort d'une bataille livrée pour libérer ce pont avait exactement le même âge. Cela m'avait oppressée, et remuée. J'avais songé au célèbre titre: "on n'est pas sérieux quand on a 17 ans". Mais je n'avais pas admiré le sacrifice de ce jeune; j'avais plutôt eu honte qu'on en soit arrivé là.

Cette décision de S. me ramène au travail sur Histoire et Mémoire où j'ai tâché de peser le pour et le contre d'une intervention politique sur les programmes scolaires, finissant par estimer que le gouvernement et le parlement doivent s'occuper de la Mémoire, sinon de l'Histoire, et que cela justifie certaines lois. Quand à l'époque,on m'a objecté le risque de manipulation politique, je n'ai pas été très ébranlée, confiante en la démocratie et les contre-pouvoirs. Je crois que maintenant je ne donnerais pas les mêmes conclusions à ma planche.

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