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Menthe Froissée
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24 août 2007

Suite Française (1)

Irène Némirovsky, l’auteur de Suite Française, a vécu une existence hors du commun. Née en 1903 à Kiev d’un richissime banquier russe et juif qui avait dû fuir les pogroms d’Elisabethgrad dans sa jeunesse, et d’une mère obsédée par sa jeunesse et sa beauté, elle fut essentiellement élevée par sa gouvernante française. D’après Myriam Anissimov, qui écrit la préface à l’édition Denoël, elle adorait son père, trop souvent en voyage et développa une haine féroce envers sa mère, qui n’acceptait pas sa maternité. Très jeune elle se réfugia dans la lecture et l’écriture, où apparaissent une relation ambiguë à la judéité, critique d’une communauté qu’elle revendique pourtant comme sienne.

A la révolution d’Octobre, les Nemirovsky vivent à St Petersbourg, qu’ils quittent pour se réfugier à Moscou d’où les troubles très violents les chassent à nouveau en 1918. Ils fuient brièvement à St Petersbourg, puis en Finlande, déguisés en paysans et caché dans un petit hameau pendant un an quand la tête de Nemirovsky est mise à prix par les Bolsheviks, puis en Suède, enfin à Rouen et Paris en 1919. Irène y obtient une licence de lettres à la Sorbonne (avec mention, if you please) et publie des contes au bimensuel Fantasio, au Matin, aux Œuvres Libres, et des romans. David Golder, le plus célèbre, est publié en 1929.

Le père ayant reconstitué sa fortune, la famille mène grand train.

Irène épouse Michel Epstein, un ingénieur, en 1926 et ils ont 2 filles, Fanny (née en 1929) et Elisabeth (1937).

En septembre 1939, juste avant la déclaration de guerre, Irène et son mari confient leurs filles à leur nourrice, en Saône et Loire, à Issy l’Evêque, afin de les protéger et font des allers et retours jusqu’à la mise en place de la ligne de démarcation en juin 40.

Le statut des Juifs promulgué le 3 octobre 1940 empêche maintenant Irène de publier et son mari de travailler. Aussi rejoignent-ils leurs filles à Issy, et s’installent d’abord dans un hôtel également fréquenté par des soldats et officiers de la Wehrmacht.

En oct 40, une loi précise que les ressortissants étrangers de race juive peuvent être internés en camp de concentration ou assignés à résidence. La loi du 2 juin 41 rend leur situation encore plus fragile.

En 41-42, Irène écrit Suite Française entre autres, et prend ses dispositions pour que ses filles ne manque de rien après son arrestation, dont elle ne doute pas et qui se produit le 13 juillet 42. Elle est assassinée à Birkenau le 17 août. Michel, ayant écrit à Pétain pour lui demander de remplacer sa femme dans ce qu’il croit être un camp de travail, invoquant sa santé fragile, est déporté à son tour en novembre 42 et gazé à Auschwitz.

Leurs filles sont cachées par la maîtresse d’école, puis leur tutrice les aide à traverser clandestinement la France, où elles se cachent notamment dans un pensionnat catholique et des caves à Bordeaux où l’une des filles attrape une pleurite. Quand elles finissent par retrouver leur grand-mère maternelle, installée à Nice, et lui demandent de l’aide, celle-ci refuse de leur ouvrir sa porte et leur recommande de se présenter à un orphelinat puisque leurs parents sont morts.

Dans leur fuite, Denise et Elisabeth avaient emporté des photos, des papiers de famille et le manuscrit de Suite Française…

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