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Menthe Froissée
Menthe Froissée
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10 juin 2007

Statistiques US sur le mariage

D'après The Economist 26 Mai 2007,  le comportement face au mariage dépend de plus en plus de la classe sociale concernée, et détermine la réussite des enfants.

Seulement 4% des jeunes qui obtiennent un diplôme universitaire sont nés hors mariage.

Le taux de divorce est en chute libre pour les femmes diplômées post bac.

Parmi celles qui se sont mariées entre 1975 et 1979, 29% ont divorcé dans les 10 ans.

Vingt ans plus tard, parmi celles qui se sont mariées entre 90 et 94, le taux est tombé à 16.5%.

En revanche si on considère celles qui ont abandonné leurs études au lycée:

Mariages entre 1975 et 1979: 38% de divorces

Mariages entre 90 et 94: 46 %

Et pour raffiner encore un peu, pour celles qui ont l'équivalent du bac, les stats passent de 35 à 38 %

Par ailleurs il y a aussi celles qui ne se marient pas. Naissances hors mariages pour les femmes qui ont abandonné le lycée: 15%. Et 67 % parmi le sous-groupe des Afro-Américaines.

Kay Hymowitz (Marriage and Caste in America) dit que cette différence de comportement est une cause principale de la fracture sociale qui caractérise les USA, phénomène déjà identifié et qui empire. Elle avance que les enfants issus de foyers monoparentaux  obtiennent de moins bons résultats à l'école et sur le marché du travail, et reproduisent le modèle monoparental. A l'opposé, les enfants issus de classes moyennes et de familles où figurent leurs deux parents biologiques sont "socialisés" pour le succès.

92% des enfants dont la famille a plus de 75 000 dollars de revenus vivent avec 2 parents (familles recomposées incluses)

Tout en bas de l'échelle, pour les familles avec moins de 15 000 dollars annuels, seulement 20 % d'enfants vivent avec 2 parents.

De plus, le mariage serait en soi une institution qui génère de la richesse. (Travaux de Barbara Dafoe-Whitehead et David Popenoe. )

Ceux qui se marient finissent en moyenne 4 fois plus riches que ceux qui ne se marient pas. Certes, cela s'explique par les économies d'échelle, et le profil psychologique des individus: il est plus probable que se marient ceux qui travaillent dur, font des projets et ont des talents relationnels.

Mais apparemment on constate aussi que le mariage modifie les comportements.

Les hommes mariés boivent moins, se droguent moins et travaillent plus, gagnant à diplôme égal entre 4 et 10 % de plus que les célibataires.

Le mariage incite à l'épargne et l'investissement.

Il encourage la division du travail.

Une étude de Mr Lerman confirme l'idée que 5 ans après les 6 mois de l'enfant, les mères célibataires (et ensuite leurs enfants) sont deux fois plus nombreuses à vivre dans la pauvreté que les mères qui se sont mariées.

Les enfants de familles monoparentales ont 5 fois plus de chance de finir dans la pauvreté que les enfants de familles avec les 2 parents biologiques.

Ceux qui ne vivent pas avec les 2 parents biologiques ont deux fois plus de chance d'abandonner leurs études avant le bac et d'avoir des problèmes de comportement ou psychologiques..

Ceux qui n'ont jamais vu leur père sont dans les pires cas.

D'où la conclusion que l'évolution de la famille a un impact important sur l'économie. Que si l'institution du mariage et de la famille nucléaire  ne s'était pas effondrée, le taux de pauvreté serait moins bas.

L'article évoque en passant les facteurs socio-culturels qui influent sur le développement des enfants, quelle que soit la situation de famille, ainsi que la reproduction du modèle familial.

Il traite même du concubinage, qui n'est pas un système aussi performant que le mariage. Les enfants de concubins n'ont pas les mêmes pourcentages de réussite que les enfants issus de couples mariés. Le concubinage dure 2 ans en moyenne. La moitié aboutit à un mariage. Mais ceux qui vivent ensemble avant le mariage ont plus de probabilité de divorcer.

Faut-il pratiquer le "mariage à l'essai" ? (concubinage) Chiffres: dix ans après la naissance du premier enfant, 2/3 de divorces chez les couples s'étant mariés après la naissance, contre 50/% chez les couples mariés au moment de la grossesse.

Une idée reçue est ainsi battue en brèche: qu'il vaut mieux essayer de vivre ensemble pour voir si on s'entend avant de se marier. Une raison: l'inertie.  Les couples se forment puis vivent ensemble parce que c'est plus sympa et moins cher, même si personne ne se sent réellement engagé - statistiquement c'est l'homme qui ne s'impliquerait pas. Mais ensuite, il est plus difficile de rompre. On finit par se marier avec qu'un par enchaînement de circonstances plutôt que par projet commun.

Que tirer de tout cela? Tous ces chiffres donnent le vertige. Il y a aussi des points qui se télescopent, me semble-t-il.

Constater que les enfants du divorce seront statistiquement plus pauvres que les enfants de famille unie ne permet pas d'affirmer que c'est le divorce qui en est la cause, puisque les parents sont eux-mêmes statistiquement pauvres. Les pauvres divorcent. Leurs enfants sont pauvres. Mais sont-ils pauvres à cause du divorce ou à cause du milieu social des parents?

Devant une telle avalanche de chiffres et d'études qui arrivent presque en même temps, je me sens plutôt circonspecte. Y aurait-il un lobby chrétien à l'oeuvre ? Ou bien s'alerte-t-on d'une crise économique que les caisses de l'état ne peuvent résorber, et qu'un changement de comportement pourrait enrayer?

En France on lit de temps en temps des articles sur l'augmentation de la demande pour de plus petits appartements. sur les difficultés à se reloger que connaissent les hommes ou femmes divorcés, notamment parce que le parc HLM n'augmente pas en proportion des séparations.

A Envoyé Spécial du jeudi 6 juin, un reportage expliquait que les petites annonces des années 20-35 détaillaient sans complexe les revenus de leur auteur, parce que le mariage était surtout considéré sous l'angle de la gestion patrimoniale. "Lorraine de 22 ans cherche fonctionnaire" avait déclenché presque une centaine de lettres...

Que cherche-t-on dans le mariage de nos jours? En priorité peut-être de l'amour, la possibilité de se réaliser, le plaisir de mener des projets à deux, dont font partie les enfants, dans la sécurité d'un contrat...  En réalité je ne sais pas trop.

En tout cas, il me semble que ces chiffres sont publiés pour faire évoluer les mentalités. Je suis curieuse de voir s'ils sont un écho en France, ou si des mouvements équivalents se préparent.

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