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Menthe Froissée
Menthe Froissée
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13 septembre 2006

Déclin de la Presse Ecrite(3)

Quelle qualité pour la presse écrite si le budget publicitaire devient sa priorité ? disais-je. The Economist cite le Philadelphia Inquirer où, au grand dam de ses journalistes, le patron a décidé de faire appel à un publicitaire pour refondre la maquette du journal, prérogative habituellement réservée à la rédaction… Argument avancé : on ne peut pas vendre le même produit à des lecteurs âgés de 18 à 88 ans.

S’il s’agit de diversifier et d’élargir la palette, pourquoi pas ? Mais on frémit en lisant un directeur de cabinet de sondage : « les gens veulent que leur journal explique comment devenir riche et où sortir le soir »….

Pour achever de brouiller les cartes, les gratuits connaissent un succès grandissant:  donc il y aurait un marché pour la presse écrite. Le PDG de Métro prétend que l’ennemi de la presse payante, c’est le temps, que les gens ne veulent pas s’embêter à aller acheter le journal.

A ce stade, je voudrais mettre mon grain de sel. (Bon, c’est le blog de qui, d’abord ?)

Il me semble qu’il faut différencier entre un relevé de news façon agence Reuters d’une part,  et journalisme d’autre part, c’est-à-dire (en gros) les news + une distance analytique qui se manifeste par un approfondissement. Métro, pour moi, c’est un peu comme les gros titres de ma page d’accueil Y*h**, ou les résumés que France Info nous serine toutes les 10 minutes. Il me semble qu’il répond à un besoin de « se tenir au courant », c’est tout. Dans ce cadre, effectivement, il vaut mieux que ce soit gratuit et facile à obtenir puisque le contenu est disponible à l’identique sur Internet, à la radio ou au JT. Je vois rien d’étonnant à ce que cette formule ait du succès… mais elle n’indique pas pour autant une piste pour les journaux traditionnels, sauf si le gratuit donne envie d’acheter un journal payant pour en savoir plus…

Last but not least, The Economist, comme Le Monde , finit par soulever le problème le plus sérieux à mes yeux : si la presse écrite disparaît, c’est un garant de la démocratie qui s’effondre.

En effet, en plus de diffuser les nouvelles du monde,  les journalistes interpellent publiquement les hommes politiques, dénoncent les scandales (Watergate reste dans la légende), informent les citoyens, se font les forums de la république et les tribunaux des puissants.

Mais les deux périodiques tempèrent immédiatement leur alarmisme par un constat qui se veut rassurant : les citoyens n’ont jamais été aussi bien informés que depuis l’avènement d’Internet. Les blogueurs veillent aussi et leurs témoignages et pétitions citoyennes constituent un nouveau rempart pour protéger la démocratie. (yeaaaahhhh, c’est nous !)

Oui mais…. Sur le rôle positif d’Internet, je reste assez réservée, je dois dire. Quelle fiabilité pour l’info qui circule ? Comment la vérifier ? Comment la trouver, la sélectionner et la synthétiser ?  La rumeur peut s’enfler sur les blogs et atteindre un phénomène médiatique dont les autorités devront tenir compte; certes, ils peuvent sans doute constituer des groupes de pression.  Mais pour le moment, ils n’offrent aucune garantie ! (sorry, chers lecteurs) (Ooops, je sens mes stats qui dégringolent…).

Un journal, en revanche, regarde ses sources à deux fois avant de publier. Un journaliste aura un appui logistique et juridique de la rédaction qui permettra d’aller le plus loin possible…

Même si en même temps, bien sûr, Internet offre une liberté précieuse pour la circulation des idées. Les dictatures qui censurent le net le savent bien.

J’espère que les grands journaux vont traverser la crise, peut-être en inventant leurs propres supports Internet, pour continuer à jouer leur rôle concernant la recherche, la circulation et l’analyse de l’information.

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